Comment adapter la gestion et l’aménagement des espaces publics aux contraintes sanitaires ?
Retours d’expérience de la ville de Somain
Entretien avec Aurore BONDOIS, Directrice des services techniques et Nathalie CARON, responsable urbanisme et cadre de vie ainsi que membre du jury départemental des Villes et Villages Fleuris
Dès le 17 mars, les services techniques de Somain ont été fermés. Quant à eux, « les services administratifs ont continué leurs activités notamment par du présentiel ou du distanciel avec la mise en place du télétravail. Par contre, il n’y a plus eu d’accueil de public pendant la période du confinement. » indique Nathalie CARON.
Deux postes d’activités ont toutefois maintenu leurs interventions en effectif réduit pendant toute la durée du confinement, il s’agit de la propreté-voirie et de la logistique. Ainsi, les services ont poursuivi le ramassage des dépôts sauvages de déchets, les réparations urgentes de voirie et l’aménagement des salles, notamment pour l’installation d’un atelier de fabrication de masques à la salle des fêtes.
Aurore BONDOIS poursuit, « les services techniques ont ensuite repris leur activité très progressivement à compter du 27 avril : reprise de l’activité tonte et propreté urbaine en équipes restreintes, voirie le 4 mai et bâtiment le 11 mai. »
Chaque semaine un bilan a été réalisé afin de vérifier que les nouvelles règles adoptées, telles que l’arrêt des regroupements, soient bien respectées. A la fin de chaque semaine, si tout s’est bien déroulé, les agents sont autorisés à augmenter leurs nombres d’heures sur le terrain et de nouveaux agents sont autorisés à revenir la semaine suivante. Si ce n’est pas le cas, des ajustements sont prévus « ex : rappel des règles suite à trop d’attroupements ou décalage supplémentaire des créneaux d’embauche. » précise Aurore BONDOIS.
Les personnes les plus fragiles, quant à elles, reprennent progressivement depuis le 2 juin.
Aurore BONDOIS détaille les aménagements du temps et des conditions de travail mis en place pour la reprise de chaque agent des services techniques :
« Lors de leur retour les agents reçoivent le protocole et 2 masques en tissu. Le protocole est expliqué à chaque agent par la DST puis relayé régulièrement par les chefs d’équipes.
Voici quelques exemples :
- Le Centre Technique a été aménagé pour faciliter le lavage des mains
- Un sens de circulation a été mis en place
- Les rassemblements de plus de 5 agents ont été interdits
- Les agents partent sur le terrain avec des bouteilles d’eau et du savon pour se laver les mains
- Ils ont consigne d’appliquer les gestes barrière, d’utiliser leurs outils individuels ou de nettoyer ces derniers
- Ils ont des consignes de se déplacer seuls ou avec un masque
- Des horaires décalés ont été mis en place. »
Certaines des procédures élaborées pendant cette crise sanitaire seront pérennisées, notamment en ce qui concerne les protocoles de nettoyage des salles et du matériel de lavage.
A Somain, il n’y a pas que ces protocoles qui ont de beaux jours devant eux mais aussi la gestion différenciée !
En effet, l’instauration de ces nouveaux modes de gestion, visant à adapter l’entretien de chaque site à son usage, était en projet sur la ville mais pas encore mis en application. Les tontes n’ayant pu être effectuées sur certains espaces pendant ces deux mois, cela a permis à la nature de reprendre ses droits et à la commune se lancer dans l’expérience.
Gérer de manière extensive certains espaces ne signifie pas pour autant un arrêt de l’entretien. Ainsi, sur les sites qui le nécessitent toujours, « certaines prestations qui étaient prévues ont simplement été décalées ou sont anticipées pour permettre notamment aux clubs sportifs de profiter d’équipements bien entretenus » explique Nathalie CARON.
Toutes les entreprises sous-traitantes intervenant sur la commune ont soumis à validation un plan de prévention. « Notre prestataire pour l’entretien et la gestion des espaces verts de la communes nous a transmis un protocole de reprise d’activité reprenant les directives nationales émises par son groupe que nous avons dû valider. » souligne Nathalie CARON.
Le choix de passer par une prestation pour ces tâches a été motivé par le fait que la commune ne dispose pas de matériel important pour l’entretien des espaces verts. Aujourd’hui, ce choix est un atout car cela permet plus de flexibilité au niveau des interventions. En effet, pour retrouver le niveau de gestion attendu, un matériel plus important sera nécessaire sur certains sites, matériel dont l’entreprise dispose contrairement à la commune.
Jusqu’à présent, aucune plainte n’a été formulée à la mairie par les usagers concernant l’évolution des modes d’entretien, ce qui encourage la municipalité à poursuivre dans son projet. « Toutefois, la réouverture des espaces publics et la nouvelle gestion des espaces verts doit faire l’objet sur terrain et par le biais des outils papiers et internet d’une communication pédagogique. » déclare Nathalie CARON.
Au cimetière, la commune avait déjà engagé un projet de végétalisation avant la crise. Sa fermeture aurait dû permettre à la couverture végétale de trouver sa place, sans piétinement, mais c’était sans compter sur la rémanence des produits phytosanitaires utilisés durant de nombreuses années et qui ont rendu le sol complètement stérile. A cause de cela, des zones complètes du cimetière ont été détruites, entrainant une végétalisation non uniforme du lieu. La commune pense se servir de cette mauvaise surprise comme support pédagogique pour prouver la dangerosité de ces produits.
Le projet de la commune, toujours pour faciliter l’acceptation de ces modes de gestion, est d’associer la population dans la gestion de certains quartiers qui seront prochainement réaménagés.
En ce qui concerne les plantations, seules les plantations d’arbres sont reportées à l’automne. Les végétaux destinés au fleurissement estival ayant été commandés en novembre 2019, leur calendrier de plantation n’est pas impacté.
Parallèlement à l’engagement de la commune vers la mise en place d’une gestion différenciée de ses espaces verts une étude budgétaire a été lancée. L’objectif est de pouvoir analyser concrètement les économies réalisées sur les sites passés d’une gestion intensive à extensive.
En plus de réduire les coûts d’entretien, ce mode de gestion permet également d’assurer un suivi constant de l’entretien des sites même lorsque les effectifs du personnel sont réduits.
Concrètement et à plus court terme, à Somain, pour le déconfinement les priorités se sont portées sur :
- La reprise des tontes mais en suivant de nouveaux objectifs en terme de fréquence de passage
- La réalisation des travaux dans les bâtiments inoccupés.